Donald W . Winnicott : Doudou et compagnie...
Les moments de déprise maternelle
Selon Winnicott, les premiers temps de la relation Mère et enfant seraient marqués par une phase d'intersubjectivité primaire indifférenciée dite "symbiose" cette relation considérée comme unité primitive va pouvoir maturer par des phases d'interactions entre la mère et l'enfant . Pour se construire progressivement dans la reconnaissance de l'altérité humaine, une personnalité psychiquement saine va passer par différents phases de déprise maternelle.
1) une dépendance absolue où il n'y a pas pas de frontières entre les individualités : c'est l'unité dite primitive
2) un abandon progressif de l'enfant par le retour à la vie quotidienne de la mère va permettre le développement intellectuel du nourrisson. Vers 6 mois il pourra commencer à supporter les absences maternelles.
3) Il pourra alors développer des liens avec autrui dans une dépendance relative.
L'enfant dans sa phase de déprise avec la mère va émettre des signes d'agressivité, celle-ci devra résister aux provocations destructrices, alors le nourrisson intègre la capacité d'aimer sa mère et ensuite autrui sans fantasme narcissique de toute puissance ! il va apprendre l'indépendance du vis à vis maternel et renoncer à la phase fusionnelle.
Accepter la réalité est une tâche sans fin
L'objet transitionnel comme matériel à forte valeur ajoutée affective : jouet, linge bref, le "doudou" aura un statut original qui dépasse la dichotomie du réel et du fictif. Objet de toutes les projections de tendresse, mais ausi des pulsions destructrices, Il peut être considéré comme une sphère ontologique intermédiaire, permettant d'accèder à petit pas vers le principe de réalité. En effet Winnicott considère que " l'acceptation de la réalité est une tâche sans fin". cette tension du détachement progressif et transitionnel vis à vis de la mère pourra être soulagée par les grands systèmes de sens culturels que sont notammment l'art et la religion.
La créativité comme capacité à être seul
La créativité humaine, prendra son envol dans la mesure où "l'être sera en capacité d'être seul." Sa confiance élémentaire en la sollicitude de la personne aimée sera reconnue . L'enfant peut se fier à sa mère, il la reconnaît comme étant sûre . La relation de communication se stabilise dans la confiance. C'est de cette matière que pourra naître et vivre les conditions de l'amitié, de l'amour comme forme particulière de reconnaissance réciproque.
Les pathologies de la non reconnaissance
De ses réflexions la psychanalyste Jessica Benjamin propose de comprendre la dynamique des pathologies de la relation d'amour. Comprendre cette dynamique par une théorie de la reconnaissance, c'est metttre en avant le fait que dans une relation intersubjective, l'un des sujets peut tendre à s' enfermer dans son je, ou au contraire rester dans une dépendance symbiotique au partenaire et ceci avec toutes les tendances sado-masochistes possibles et imaginables. A contrario, une reconnaissance réciproque équilibrée porte en elle , une sécurité émotionnelle essentielle à tout développement de respect de soi et de respect d'autrui, bref à un amour non pathologique.
( A lire de D. W . Winnicott "Jeu et réalité" et de Jessica benjamin " The Bonds of love. Psychoanalysis, Feminism and the problem of power. New York")