Les dépressifs cogitent trop !

Publié le par oldtime

 

 

" Tel l'homme épuisé espère trouver dans des consommés et dans des drogues de pharmacie la santé et la vigueur dont la vraie source est la force vitale propre"      

A. Schopenhauer

                                                                                                             

 Lorsque dans les années cinquante un  laboratoire créa par hasard la première molécule de synthèse "anti dépressive", l'investissement pour en faire un médicament n'était même pas envisagé. Cela ne rapporterait rien sur le plan financier : la maladie touchait si peu de monde ! En quelques années,  la dépression est en passe de devenir la première maladie mondiale ! Le filon est devenu très rentable pour l'industrie pharmaceutique !

Une maladie démocratique ?

C'est devenu une maladie démocratique, "tocquevilienne"  : tout un chacun a été , est ou sera un jour dépressif ! Les médecins prescrivent, la sécurité sociale paye, les magazines féminins et les médias diagnostiquent votre mal-être en quelques tests bien formulés. Etre ou ne pas être dépresssif  telle est la question aujourd'hui ! la dépression est devenue une pandémie.  La psychanalyse science molle a capitulé devant le savoir de la science dure : les molécules ont vaincu le vain bavardage, la parole éperdue du patient  n'a plus voix au chapitre ! Le mental organique a remplacé le psychisme interprétatif.  Une définition canonique prend place : "la dépression c' est tout ce qui est amélioré par les antidépresseurs"; Bref cette tautologie ferme la boucle d'un système clos, ou  le patient est fait comme un rat. Il avale la pilule sans broncher, les statistiques du nombre de déprimés s'accroient de façon concomitante à la mise sur le marché de nouvelles pilules miracles. Alors que l'ion croyait les déprimés apathiques, le cerveau à encéphalogramme  plat !

Le déprimé carbure trop

La réalité est toute autre, le cerveau du dépressif carbure trop , telle est la conclusion de deux équipes de chercheurs de l'INSERM et du CNRS. Dans des exercices de concentration, l'activation du mental du déprimé est beaucoup plus intense que celui des autres ! Les déprimés déploient dans leur travail des énergies inconsidérées pour un niveau de performance équivalent à une autre personne. Bref, il font des sprints, là , où il faudrait faire de l'endurance ! Alors que les proches peuvent penser qu'ils ne font rien, la réalité est qu'ils épuisent très vite leurs ressources mentales, et rapidement ne peuvent plus rien faire. L' une des solutions pourrait passer par la désactivation des idées  dévalorisantes. Les déprimés sont convaincus de ne pas être à la hauteur !  Les non déprimés inhibent plus facilement les zones émotionnelles négatives et perturbatrices afin d'éviter la contamination émotionelle ! Bref pour échapper  à la dépression, il faudrait sortir du cartésianisme: "pour qui le "je pense, donc je suis" est une panacée. Qui osera afirmer,  "je ne pense pas" donc je suis sur la voie !

 (A lire de Philippe Pignard : comment la dépression est devenue une épidémie +  P. Harvey et al, Cognitive control and brain resources in major depression : an fMRI study using then-backtask, in Neuroimage, vol,26N °3, p.860,2005)

Publié dans sciences humaines

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